Origine et survivances. L'historique et le transcendantal en tension. Warburg, Cassirer, Panofsky.

Abstract
[fr] Cette étude se divise en trois chapitres principaux, respectivement consacrés aux travaux de Warburg, de Cassirer et de Panofsky. Bien qu’étant organisées de manière chronologique, les trois parties obéissent à une articulation thématique : la première est consacrée à l’analyse des phénomènes temporels décrits par l’historien de l’art Aby Warburg ; la seconde, à la définition du transcendantal livrée par Ernst Cassirer ; la troisième, à la possibilité d’un « transcendantal historique » favorisée par les travaux d’Erwin Panofsky. Pour poser le cadre de la recherche entreprise ici, on est reparti d’un problème métaphysique important : la définition de l’entreprise critique kantienne à travers la notion de « transcendantal ». En relisant les grands textes de Kant sur la question (Critique de la raison pure / Prolégomènes), on s’aperçoit en premier que le caractère nécessaire et objectif de toute connaissance a priori l’oppose par principe aux analyses historiques. La distinction entre connaissance pure et connaissance empirique est fermement établie. Or, Kant laisse tout de même entrevoir la possibilité d’un « a priori empirique » : dans le domaine même des connaissances a priori, il faut séparer les connaissances pures et empiriques. Certaines propositions peuvent être a priori sans être nécessairement transcendantales. Partant de là, rien n’interdit de reconsidérer le caractère « apriorique » de certaines notions centrales de l’histoire de l’art. Mais peut-on concevoir une approche véritablement transcendantale de l’objet d’art, qui suspende son caractère historique et empirique ? La question de l’« origine » s’avère révélatrice à cet égard. En effet, cette notion complexe peut s’entendre en un double sens (empirique ou non-empirique). Même les études historiennes oscillent entre ces deux acceptions – ce qui amène à interroger la nature même de l’enquête historique.