Histoire des idées : une certaine idée de l’histoire

Abstract
Sollicitée tout autant que contestée par les sciences philologiques – qu’il s’agisse de l’histoire de la philosophie ou des études littéraires –, ainsi que par l’histoire, l’histoire des idées est en apparence une sorte de mixte dont la propre histoire révèle cependant le rôle clef. Lorsqu’on la range dans la ‘civilisation’, pratique propre aux départements de langue et civilisation étrangères, on oublie que ces derniers sont issus de la transformation des chaires de littérature étrangère dont ils ont modernisé la compétence généraliste dans les premières décennies du xxe siècle. À ce moment-là, dans la germanistique naissante, l’histoire des idées a été un temps la discipline englobante et dominante, avant que la spécialisation des savoirs ne la relègue dans la « civilisation ». Elle reste pourtant à la croisée des disciplines – l’histoire de la philosophie, l’histoire littéraire et culturelle, l’histoire des mentalités et des systèmes de savoir. Mais pour jouer ce rôle il faut qu’elle s’interroge sur ses objets, et qu’elle affirme ses pratiques et ses méthodes. Cette interrogation fait apparaître sa spécificité et sa fécondité herméneutique pour la compréhension des ‘archives’ (les systèmes de savoir du passé) et pour le rôle des idées dans les combats intellectuels et idéologiques du présent. Au point de rencontre de l’étude des discours et de l’étude des réalités ‘les stratégies discursives’ sont le véritable objet de l’histoire des idées. On donne ici quelques exemples dont l’actualité est évidente.