Benjamin/Foucault : histoire, discontinuité, utopie

Abstract
Cet article se propose de montrer qu’un dialogue « à distance » entre Benjamin et Foucault peut être construit à partir d’au moins trois thèmes. Premièrement, leur conception du moment présent, ou plus précisément, du rapport vertical que le présent institue avec le passé, et donc leur intérêt non pas tant pour une histoire des discontinuités, mais pour une vision de l’histoire comme discontinuité, dont la portée est explicitement éthico-politique. Deuxièmement, leur attention pour les – et leur volonté de donner voix aux – opprimés et aux infâmes. Troisièmement, leur vision hétérotopique ou contre-utopique de l’histoire, qui définit l’attitude messianique ou critico-expérimentale de l’historien-philosophe dont ils parlent. Nous soutenons enfin que Benjamin et Foucault ont choisi l’un et l’autre d’écrire l’histoire de façon telle qu’elle puisse produire des effets réels dans le présent, en équipant les lecteurs d’armes en vue de leur lutte contre l’oppression.