Le théâtre métahistorique en Espagne

Abstract
L’écriture de l’histoire est devenue, chez les historiens comme chez les écrivains, une question essentielle. Qu’il s’agisse d’une influence de la pensée postmoderne pour laquelle l’histoire, en tant que « grand récit », est une construction discursive, d’une solution à la « crise de l’histoire » qui appelle un travail d’autoréflexion, ou d’une réaction face aux instrumentalisations politiques de l’histoire nationale, on s’intéresse de plus en plus aux modalités et aux enjeux de la mise en discours du passé. Ce « tournant épistémologique » à l’œuvre dans la discipline historienne depuis les années 1980 environ connaît un écho dans le champ artistique. Ainsi parle-t-on de « fictions métahistoriques », qui semblent s’affirmer dans la production occidentale depuis, là aussi, une trentaine d’années. Dans cet engouement pour l’écriture de l’histoire, la question du présent a un rôle fondamental. L’Espagne actuelle, traversée par de nombreuses crises mémorielles, participe de cette mouvance. Aussi nous proposons-nous d’analyser la place du présent dans deux œuvres métahistoriques issues du théâtre espagnol contemporain, ¡¡¡Tierraaa… a… laaa… vistaaa… !!! de Manuel Martínez Mediero et La tortuga de Darwin de Juan Mayorga.