La révolution contre la « fin de l’histoire » // [The revolution against "the end of history"]

Abstract
La révolution est, sur un mode paradoxal, l’un des objets où le discours de la « fin de l’histoire » est employé de manière normative en sociologie, sous la forme d’un raccourci explicatif qui, pensant les ruptures révolutionnaires à partir de la perspective de leur fin à venir, leur nie toute capacité de changement véritable. En se penchant sur les révolutions de son temps – les deux révolutions russes de 1905 et 1917 et les révolutions allemandes, weimarienne et spartakiste, de 1918-1919 –, le sociologue Max Weber (1864-1920) propose une lecture critique déjouant d’emblée les présupposés de la « fin de l’histoire ». Son analyse, sans rien céder à l’enchantement idéologique, se rapproche d’une lecture « à chaud » des événements où le possible apparaît sous trois acceptions : épistémologique (dans la conception pluraliste des causalités et des lignes de fuite de la situation révolutionnaire), historique (dans la vision ouverte du temps historique) et politique (dans une conception possibiliste de l’action humaine).