La fin de l'histoire du temps présent telle que nous l'avons connue: Plaidoyer franco-allemand pour l'abandon d'une singularité historiographique // [The end of contemporary history as we have known it: Franco-German plea for the end of a historiographical singularity]

Abstract
Soixante ans après la publication de l'article fondateur de Hans Rothfels en Allemagne de l'Ouest, trente-cinq ans après la fondation de l'Institut d'histoire du temps présent (IHTP) en France, cet article programmatique écrit dans une perspective comparatiste et croisée franco-allemande, revient sur la place accordée à l'histoire du temps present de part et d'autre du Rhin. Le debat est lancé : est-il nécessaire de maintenir la singularité et l'autonomie de ce champ historiographique ? Cet article, écrit dans une perspective d'histoire comparée et croisée franco-allemande, entend faire dialoguer deux traditions historiographiques nationales qui jusque-là se méconnaissaient. L'objectif premier de cet exercice est de dresser le bilan de l'émergence, de l'enracinement et de la banalisation de l'histoire du temps présent (Zeitgeschichte) de part et d'autre du Rhin. Sur la base d'un droit d'inventaire de l'héritage intellectuel laissé par les premières générations scientifiques de cette sous-discipline historique, nous plaidons aujourd'hui en faveur d'une dissolution de l'histoire du temps présent comme champ historiographique singulier. Plus de vingt ans après la césure de 1989, nous pensons que le temps est mûr pour aborder sereinement la question de son retour plein et entier dans le giron de l'histoire.). L'abandon de la singularité de l'histoire du temps présent doit permettre de reconfigurer l'histoire comme une science sociale du « passé-présent ». This article, written from a Franco-German comparative and cross-cutting perspective, tries to initiate a dialogue between two national historiographical traditions, which have had little contact until now. The main goal of this exercise is to take stock of the emergence, entrenchment and normalization of contemporary history on both sides of the Rhine. On the basis that we make choices within the intellectual legacy of the first academic generation within this historical sub-discipline, this article now pleads for the dissolution of contemporary history as a separate historical field. More than twenty years after the turning point of 1989, we think now is the right time to tackle the question of reintegrating the study of contemporary history fully into the historical fold. By abandoning the idea of contemporary history as different, we hope to reconfigure history as a social science of the "past-present".