Histoire et système

Abstract
En 1984, Annie Kriegel publia un livre intitulé Le Système communiste mondial. Celui-ci était le fruit d'une réflexion engagée, dès la fin des années 1970, dans le contexte de l'expansion maximale du communisme soviétique. A une interprétation de l'URSS qui considère le phénomène comme spécifiquement russe, Annie Kriegel répondait en proposant son analyse systémique : s'il émanait d'une matrice située en Russie et commandée par l'URSS, le communisme était fondamentalement un système mondial. Vingt-cinq ans plus tard, des historiens se réapproprient la méthode et remettent sur l'établi la notion de système appliquée à l'histoire politique. Comment distinguer l'empire du système ? La synthèse proposée est éclairante, des logiques communes apparaissent, qu'il s'agisse des Bourbons, de l'Empire napoléonien ou même de la démocratie parlementaire. De véritables projets politiques d'envergure sont mis en oeuvre afin de s'assurer une légitimité internationale fondée sur la puissance, la conquête ou les alliances. Construits soit avec patience, soit dans l'urgence du temps, ces projets constituent pourtant autant d'essais politiques infortunés. Mais, à la lecture des contributions, on distingue nettement que la structure est fragile. Selon le temps et le métabolisme politique, la source de la fragilité est soit dans la matrice soit dans la périphérie. Cette différence névralgique, c'est bien ce qui distingue " le système " de "l'empire ". Ce colloque, auquel ont contribué, entre autres, Emmanuel Le Roy Ladurie, Jean-Christian Petitfils, Thierry Lentz, Jean-Jacques Becker, Stéphane Courtois, Gilles Le Béguec, aura permis d'en faire l'utile démonstration.